La spiruline est une cyanobactérie. Aussi fait-elle partie des premiers organismes apparus sur Terre, il y a environ 3 milliards d’années. Elle vit dans les lacs chauds aux eaux alcalines.
Elle forme une symbiose biologique avec le flamant rose nain. Cet oiseau se nourrit principalement de spiruline. En retour, les excréments de l’oiseau fertilisent l’eau. Cachée dans son bec ou dans ses plumes, la spiruline se dissémine vers de nouveaux lacs.
Bien des civilisations ont dû profiter de ses bienfaits… Que savons-nous précisément ?
Sans doute apportée par les flamants roses, on retrouve la spiruline dans une région désertique, le Kanem, au Tchad, dans des oasis appelées ouadis. Depuis des siècles, la population locale, les Kanembous, la récolte et la sèche au soleil. Ils obtiennent des galettes appelées « dihé » et l’utilisent en sauce pour accompagner le millet.
Nous savons également que les Aztèques la récoltaient et la consommaient sous forme de galettes. Ce plat appelé « Tecuitlatl » était destiné à leur élite intellectuelle et sportive. Avec l’arrivée des conquistadores, la récolte de spiruline fut restreinte. Puis la spiruline fut oubliée…
Comment la civilisation occidentale l’a-t-elle découverte ?
Premières découvertes, sans impact
Un pharmacien bordelais, le professeur Creac’h, décrivit le premier des galettes de spiruline séchée, sur un marché à Massakong, au Tchad. C’était en 1939. Le phycologue Dangeard rédigea alors un article dans le Bulletin de la Société Linnéenne de Bordeaux.
En 1959, un ethnologue cinéaste, Max-Yves Brandily, travaillait au Kanem. Il étudia les galettes de spiruline et enthousiasmé, écrivit un article dans Sciences et Avenir : « Depuis des lustres, une tribu primitive du Tchad exploite la nourriture de l’an 2000. » Son engouement ne fut cependant pas partagé. L’Occident continua d’ignorer la spiruline.
Concordance intercontinentale
Dans les années 60, un botaniste français parti au Tchad remarqua lui aussi les galettes appelées « dihé ». Il en transmit une à son collègue P. Compère qui put identifier la spiruline dans la galette.
Au même moment, la société Sosa Texcoco, exploitant la soude du lac Texcoco au Mexique, vit ses machines bouchées par une mystérieuse algue. La personne en charge de régler ce problème avait lu les travaux de P. Compère et fit le rapprochement : c’était aussi de la spiruline qui se trouvait au lac Texcoco ! Sosa Texcoco devint alors la première exploitation industrielle de spiruline.
Des pionniers au monde entier
Certains scientifiques s’intéressèrent alors la spiruline : Christopher Hills et Hiroshi Nakamura commencèrent à l’étudier et testèrent sur eux-même les effets. Ils contribuèrent à la faire connaître.
Le microbiologiste Ripley D. Fox mit au point des procédés de culture adaptés aux pays pauvres. Il commença en 1973 en Inde.
Aujourd’hui
Depuis les années 70, la spiruline est cultivée dans le monde entier selon des processus industriels. Elle est aussi cultivée de manière artisanale dans de nombreux pays où la population souffre de famine ou de malnutrition.
La communauté scientifique étudie la spiruline en détails et ne cesse de lui trouver des effets bénéfiques et des applications pour les malades.